5416 m

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Retour à la vie normale après le paradis terrestre de la rando.

Il nous aura fallu 16 jours pour boucle le trekking du massif des Annapurnas. Départ de Besi Shahar, nuitées à Ngadi Bazar, Tallo Chipla, Danakyu, Chame, Ngawal, Manang, Yak Kharka, Thorung Phedi, Muktinath, Jomsom, Tatopani et Ghorepani pour arriver à Nayapul. 16 jours de marche à travers des paysages montagneux à couper le souffle.

Dans nos sacs, un équipement acheté spécialement pour l’occasion : veste, soft shell, t-shirts, pantalon wind proof, chaussettes chaudes, guêtres, crampons, deux paires de gants, lunettes de glacier, crème solaire, stick à lèvres, crème hydratante, carte 1/100 000. Notre plus grand ennemi : le froid ; notre plus grande crainte : passer le col à 5416m dans la neige.

L’aventure commence avec une très forte grêle et un arrêt forcé. Nous y rencontrons Philippe, un hollandais qui devient en quelques jours notre grand ami. Le soir, dans les guest houses qui jalonnent le chemin, nous trouvons refuge, souvent près du poêle. Nous rigolons beaucoup tous les trois. Les lieux sont de confort moyen, les chambres glaciales, mais nous mangeons correctement et il est souvent possible de prendre des douches ou un seau d’eau chaude. En guise de petit déjeuner, le « champa porridge » remplit son homme. Le soir c’est plutôt Dalh Bhat : assiette de riz et curry de légumes à volonté. Les prix sont raisonnables, autour de 15 euros par jour en moyenne.

Deux soirées restent gravées dans nos mémoires. Nous sommes allez au cinéma de Manang (cf photo) voir Into thin air, un navet conseillé par Philippe… Nous avons aussi joué à Time’s up avec Philippe et un couple de français de notre âge, Hella et Grégoire. Eux aussi sont maintenant nos amis, vous verrez plus loin à quel point.

La première semaine est marquée par notre coup de froid. Guillaume et moi tombons malade. Heureusement, un instit que nous rencontrons à 3700m à Ngawal s’occupe de nous et nous prépare une mixture à gargariser. Ca marche et la maladie s’en va doucement. Mais le froid ne facilite pas la guérison. Dès 17h nous en souffrons, et cela se remarquera en fin de séjour avec nos kilos perdus. En journée c’est le soleil qui nous brûle. Une seule sortie de deux heures sans crème au lac de Manang et nos nez sont atteints. Pour la fin du séjour, c’est épaisse couche sur tout le visage ; nous avions été prévenus.

Un mal pernicieux qui nous guette tous, celui des montagnes. Nombreux sont ceux qui, montés trop vite, rebroussent chemin. Mal de tête, de ventre, toux, vomissement… Nous y échappons en étant prudents. Nous nous acclimatons à 3500m, à Manang où nous restons deux nuits. Et lors des étapes suivantes, nous ne montons que de 500m. La journée nous essayons d’aller plus haut et redescendons pour la nuit. Notre couple strasbourgeois nous fournit aussi du Diamox, le médicament servant à lutter lors de l’assaut final.

La nuit la plus froide est dans l’auberge de Thorung Phedi à 4450m, avant le col. Guillaume me borde de deux couvertures car je ne peux pas bouger avec toutes mes couches. L’air est rare, sec, glacial et le réveil à 3h45 sonne la fin du calvaire. 940m de positif dont une partie de nuit, de la neige, puis 1700m de négatif, le programme s’annonce difficile. La montée s’avère magnifique. Pas un nuage, ciel superbe et retour du soleil au milieu des sommets, c’est le pied. Avec Philippe et son guide Maes nous buvons un thé à 5416m, prenons quelques photos de la preuve de notre exploit. D’autres arrivent en tirant la langue, en pleurant, voire en délirant… chacun vit sa propre expérience. Guillaume et moi repensons à cette belle ascension du Mont Blanc en août 2013. https://emmanueldemangeat.wordpress.com/2013/08/11/30juil2013-mont-blanc-retrospective/ Nous sommes cette fois-ci 600m plus haut ! Nous constatons aussi que notre équipement était très adapté. Nous avons utilisé nos crampons toute la matinée, nous n’avons pas eu froid. « Grand succès ! ».

Descente dans la neige, la soupe, la boue, et arrivée dans un tout autre décor, celui de Muktinath. Repos pendant trois jours, bien mérité. Nous revoyons nos médecins français, nous nous baladons ensemble dans les alentours et lors de la visite d’un temple bouddhiste, ils nous annoncent leur intention de s’y marier le lendemain. En tant que témoin de cette union, nous décidons de leur apporter des chevaux le lendemain matin pour se rendre à la cérémonie. Le lama est là, avec ses dreadlocks vieilles de 30 ans. Le moine le plus improbable du monde marquera lui aussi cette journée de fête. Il nous fera visiter sa grotte dans laquelle il vient de passer une retraite de 3 ans, isolé. Qu’en penser ?

Les derniers jours, d’abord dans ce paysage lunaire ou bolivien, entre amis, puis dans cette vallée canadienne, tout est plus facile. Nous trichons même un peu entre Marpha et Tatopani en prenant un bus. Mauvais calcul car ballotés sur le toit nous nous faisons mal au dos. Récompense méritée : un match de cricket avec les gosses et bain dans les sources chaudes de Tatopani.

Nous réempruntons la descente depuis Poon Hill que j’avais reconnue avec Lucile. Et pour clore cette quinzaine magique, nous sautons dans la rivière à côté des cascades.

La vie est belle et l’aventure continue !

12 réflexions sur “5416 m

  1. Super. J’en reviens pas. Est-ce cet Emmanuel que j’ai rencontré à Jodhpur. Le blog est bien fait, les photos superbes.
    J’ai de la lecture de voyage pour un bon moment.
    Roland

    • Salut Roland, oui c’est moi, et les aventures ne sont pas finies. Changement de décor la semaine prochaine, besoin de mer! J’espère que tu vas bien, que la suite d’après Jodhpur s’est bien passée. Je te rendrai visite à mon retour. à+ et merci pour le commentaire

  2. Tu as déjà vécu des moments superbes durant tes voyages mais là, dis donc, quelle aventure !!! Je pense que cela restera longtemps gravé dans ta mémoire !
    Et les ampoules !!!! Hallucinantes ! Bon repos !!!
    Marie Christine

    • C’était en effet inoubliable. Par contre ce ne sont pas des ampoules, ce sont justes des fausses peaux, Compeed, en préventif, et la photo était du coup pour montrer la saleté… dommage donc pour ce record de taille.
      J’espère que tout roule pour toi. Bise

  3. Belle aventure que vous avez réalisé là, aventure physique mais surtout aventure humaine.
    Tiens, vu aujourd’hui à Strasbourg, une 106 repeinte à la bombe en violet et orange ! J’ai crû un instant que tu étais rentré …

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